Le coupable de l'attentat contre le père de Ramsès n'avait toujours pas été trouvé, et le prince entendait de plus en plus de bruits de couloirs lui attribuant ce sinistre raté. Il voyait les regards se détourner et les conversations s'arrêter à son passage. Nemrod lui avait clairement fait comprendre qu'il était le premier suspect dans l'enquête, et seule l'intervention de sa soeur lui avait permit de garder la liberté encore quelques jours afin de prouver son innocence. Mais Sashara avait décidé, à cause de la pression des évènements et afin de prier les divinités de l'aider, de se retirer dans un temple. Elle avait coupé toute communication avec le monde et Ramsès avait peur que son absence ne pousse l'intendant à la sécurité du pays à l'enfermer une bonne fois pour toutes. En effet, avoir un coupable derrière les barreaux rassurerait la population et permettrait d'arrêter uen enquête qui de toute façon pietinait. La police du Pharaon passerait pour excellente. C'était si facile, surtout quand le coupable était tout trouvé. Mais le hic, c'était que le prince n'était coupable de rien, si ce n'est d'avoir été absent et surtout seul au moment de l'attentat. Les preuves avaient été fabriquées de toutes pièces, mais personne ne semblait vouloir chercher par qui...
Ramsès avait hésité à s'enfuir pour échapper à son destin. Se déguiser en paysan, se cacher... Mais il n'avait pu s'y résoudre. Il avait été élevé dans le respect des divinités et surtout de Mâât, déesse de la vérité. Il avait donc décidé de se battre jusqu'au bout pour prouver son innocence, au risque de tout perdre. Tant qu'il serait en vie, l'espoir était toujours permis !
Pour l'heure, il avait enfilé une tunique simple, mais de bonne qualité qui trahissait son rang, et ne portait que l'uraeus qui ceignait constamment son front. En aucune façon il ne voulait donner l'impression de s'enfuir comme il avait pensé le faire. Mais il voulait être seul, et il longeait donc le Nil du côté où les berges étaient pratiquables, pied nu dans le sable humide qui le détendait.
Le jeune homme s'assit dans la position du scribe, les bras détendus sur ses jambes repliées, et ralenti sa respiration afin d'entrer en harmonie avec le ciel et les Dieux. Il pria d'abord Mâât de l'aider à apporter la vérité et éclairer les ignorants, afin de rendre la justice puis tous les autres, un par un. Lorsqu'il eut fini, il se reconnecta avec la réalité et se rendit compte, à la postion du soleil, qu'il était resté longtemps là. D'ailleurs ses muscles étaient raidis et sa peau ressentait l'humidité du soir. Il allait se lever, lorsqu'un bruit se fit entendre derrière lui. Il se retourna vivement, toujours assis, et ses yeux se rétrecirent pour essayer d'aperçevoir quelque chose au milieu des tiges de papyrus. Puis il haussa les épaules, pensant qu'il devait s'agir d'un petit animal, tout simplement. Pourtant, un sentiment de malaise croissant le fit se lever gauchement, les membres engourdis, avec la désagrable impression qu'on l'observait.
-" Il y a quelqu'un ? "