Je commence par ce dieu parce que malgré son aspect repoussant, c'était un bon génie qui veillait au foyer, et je l'aime bien
Bès
Vénéré dans toute l’Egypte comme une sorte de génie du foyer, de divinité domestique et de dieu de la fertilité, du mariage et de la grossesse. C’était aussi le dieu de la musique et de la danse.
Aspect
Il était représenté comme un être grotesque, petit, robuste et disgracieux, coiffé de plumes, au visage large et réjoui, aux traits grossiers et à la langue souvent pendante, aux jambes torses, aux oreilles et à la longue queue de lion. Bès est sans doute, avec le génie Aha qu’il éclipsera progressivement, l’unique personnage grotesque du monde divin égyptien.
Contrairement aux autres dieux égyptiens qui étaient pour la plupart de profil, il est toujours représenté de face, coiffé de hautes plumes d’autruche, souvent dénudé ou, à partir du Nouvel Empire, revêtu d’une peau de fauve (panthère ou lion) dont la queue lui retombe entre les jambes. L’iconographie le représente tenant en main un instrument de musique, généralement un tambour ou un tambourin, ou un grand hiéroglyphe - sa - signifiant "protection". À partir du Nouvel Empire il porte parfois des ailes et à l’époque Gréco-romaine, il apparaît armé d’un couteau, d’une épée ou d’un bouclier, objets lui conférant des fonctions guerrières qui renforcent ses vertus protectrices. Les épées et couteaux qu’il portait, ainsi que les instruments de musique, servaient à faire du vacarme et effaroucher le esprits malfaisants.
Fonction
Malgré son aspect n’inspirant guère confiance, Bès était un dieu bienfaisant qui avait pour rôle d’éloigner les mauvais esprits en les effrayant. Il était à l'origine la déité protectrice de la maison royale d'Egypte, mais est devenu un dieu populaire présent dans tous les foyers partout en Egypte.
Vénéré et apprécié jusqu’à la fin de l’ère pharaonique, il subsista même après la venue du christianisme. Il partagea ce rôle de protecteur de la famille avec la déesse Thoueris.
Il était aussi le dieu de la danse. En effet, on l’a souvent imagé en train de danser au son d’instruments magiques qui devaient faire fuir les malins, tout en aidant les humains à être d’humeur plus joyeuse et plus détendue. Bès est également le patron des danseurs qui faisaient tatouer son effigie sur leurs cuisses.
Associé à la sexualité, il assure le bon déroulement de la grossesse et protège les femmes en couches ainsi que les nouveaux-nés.
Culte
Il apparut en Egypte dès la plus haute antiquité. Pour autant que l’on sache, il ne disposait pas de son propre lieu de culte quoiqu’une découverte récente a mis à jour un temple qui semble lui être dédié dans l’oasis de Bahariya. Il était toutefois présent en tant que dieu secondaire dans les temples d’autres divinités. Ainsi, dans le temple funéraire de Séthy Ier à Abydos, un espace sacré a été aménagé en son honneur. Il y rendait des oracles et, semble-t-il, était encore consulté au IVe siècle de notre ère.
Très populaire et prisé dans la religion populaire, il est présent sur quantité d’amulettes et trouve une place de choix parmi les figurines présentes dans l’autel réservé au culte domestique des maisons.
Représenté dans chaque endroit où les femmes et les enfants ont besoin de lui, il apparaît également sur les murs des mammisis (maisons de naissance des temples) où il veille sur l’accouchement divin. Durant le sommeil, il met en déroute les démons causeurs de troubles sexuels, ce qui explique sa présence à la tête ou aux pieds des lits et sur les repose-têtes. Il préside également à l’art de la parure et à la toilette, ornant les miroirs et objets destinés à cet usage.
De petits sanctuaires où l’on faisait surtout appel à ses dons de guérisseur, lui furent consacrés. Ainsi, à Saqqara, des chambres spécialisées ornées des figures de Bès et d’une déesse dévêtue accueillaient les pèlerins désirant y passer la nuit afin de recevoir la visite du dieu en songe. Vraisemblablement ces rêves guérisseurs étaient liés à la santé sexuelle des patients. Au cours de l’époque ptolémaïque, les images de Bès se multiplient sur les reliefs et les éléments architecturaux de bon nombre de sanctuaires de la Vallée du Nil.